Archétype
Interview avec Barbara sur le site de la MINUSTAH (http://www.minustah.org/radio/invite.html
Invitation au vernissage
Barbara Prézeau a nourri son art, dont cette rétrospective 2007 à l’Institut Français de Port-au-Prince offre un riche échantillonnage, des multiples traditions rencontrées au cours de ses voyages et de ses séjours en divers pays d’Europe, d’Afrique et des deux Amériques. Aucun hasard sans doute n’a présidé à ces périples, mais la logique d’une identité d’artiste qui s’est inventée en suivant d’invisibles pôles magnétiques.
Barbara s’est éveillée à sa vocation à la galerie d’art de sa mère, « Le Coin d’Art », à Pétion-Ville. Elle commence l’apprentissage de son métier à l’École Nationale des Arts de Port-au-Prince (1983-1985) avec Rose-Marie Desruisseaux, Ludovic Booz et Franck Louissaint. Elle acquerra ses grades en Arts visuels et en Histoire de l’Art à l’Université d’Ottawa, à La Sorbonne et à l’École pratique des Hautes Études de Paris.
Invitation au vernissage
Barbara Prézeau a nourri son art, dont cette rétrospective 2007 à l’Institut Français de Port-au-Prince offre un riche échantillonnage, des multiples traditions rencontrées au cours de ses voyages et de ses séjours en divers pays d’Europe, d’Afrique et des deux Amériques. Aucun hasard sans doute n’a présidé à ces périples, mais la logique d’une identité d’artiste qui s’est inventée en suivant d’invisibles pôles magnétiques.
Barbara s’est éveillée à sa vocation à la galerie d’art de sa mère, « Le Coin d’Art », à Pétion-Ville. Elle commence l’apprentissage de son métier à l’École Nationale des Arts de Port-au-Prince (1983-1985) avec Rose-Marie Desruisseaux, Ludovic Booz et Franck Louissaint. Elle acquerra ses grades en Arts visuels et en Histoire de l’Art à l’Université d’Ottawa, à La Sorbonne et à l’École pratique des Hautes Études de Paris.
Barbara Prézeau La_Havane, 1998
Elle séjournera par la suite au Sénégal pour des recherches sur les systèmes de signes et d’écritures en Afrique, et en Equateur, parmi le peuple Cofan en Amazonie.
De multiples expositions et de prestigieuses manifestations à Paris, à Montréal, à Séville, à San Diego, à San Francisco, à Madrid, à New York, à Chicago, à Bruxelles entre autres, à Port-au-Prince, à La Havane, à Santo Domingo, jalonnent une combien féconde carrière de plasticienne, occasionnent des compagnonnages professionnels ou des associations avec nombre d’artistes contemporains, ses pairs, l’anthropologue et critique d’art Délia Blanco, les peintres Edouard Duval Carrié, Jose Castillo.
A ce point de sa trajectoire aujourd’hui, la Fondation AfricAméricA et le Forum Multiculturel d’Art Contemporain offrent à la générosité d’une artiste en pleine commande de plusieurs disciplines, au carrefour de la peinture, de la sculpture, de la photographie, au coeur de réseaux internationaux dans ces domaines, de pouvoir s’adonner à la diffusion des recherches contemporaines, de jeter des passerelles entre les cultures particulièrement de la Caraïbe, de l’Afrique et des Amériques, de collaborer à la formation et à la promotion des nouvelles générations.
De si riches engagements appellent naturellement des prolongements sur le plan de la réflexion, qui trouvent leur lieu d’expression dans les colonnes des Gens de la Caraïbe, du quotidien haïtien Le Nouvelliste, et leur juste reconnaissance au sein de l’Association Internationale des Critiques d’Art (AICA), où elle est reçue membre du réseau régional.
De multiples expositions et de prestigieuses manifestations à Paris, à Montréal, à Séville, à San Diego, à San Francisco, à Madrid, à New York, à Chicago, à Bruxelles entre autres, à Port-au-Prince, à La Havane, à Santo Domingo, jalonnent une combien féconde carrière de plasticienne, occasionnent des compagnonnages professionnels ou des associations avec nombre d’artistes contemporains, ses pairs, l’anthropologue et critique d’art Délia Blanco, les peintres Edouard Duval Carrié, Jose Castillo.
A ce point de sa trajectoire aujourd’hui, la Fondation AfricAméricA et le Forum Multiculturel d’Art Contemporain offrent à la générosité d’une artiste en pleine commande de plusieurs disciplines, au carrefour de la peinture, de la sculpture, de la photographie, au coeur de réseaux internationaux dans ces domaines, de pouvoir s’adonner à la diffusion des recherches contemporaines, de jeter des passerelles entre les cultures particulièrement de la Caraïbe, de l’Afrique et des Amériques, de collaborer à la formation et à la promotion des nouvelles générations.
De si riches engagements appellent naturellement des prolongements sur le plan de la réflexion, qui trouvent leur lieu d’expression dans les colonnes des Gens de la Caraïbe, du quotidien haïtien Le Nouvelliste, et leur juste reconnaissance au sein de l’Association Internationale des Critiques d’Art (AICA), où elle est reçue membre du réseau régional.
La rétrospective 2007 à l’Institut Français de Port-au-Prince peut suggérer les lignes d’un bilan provisoire d’une oeuvre d’inspirations si nombreuses, dont l’unité et la diversité seraient comme celles d’un cours d’eau dans lequel continuerait de se refléter la variété de tous les paysages qu’il a traversé.
Les oeuvres présentées à l’occasion de cette rétrospective, par leurs motifs, par leurs supports matériels, invitent à explorer les espaces propres à l’artiste, ceux de ses origines et de ses choix, elles convient à traverser les diverses couches des symbolismes qui habitent sa mémoire.
Je trouve une éloquence particulière aux titres des oeuvres. Ils forment comme un commentaire, un guide du voyage dans la géographie et l’archéologie personnelles de l’artiste.
Les oeuvres présentées à l’occasion de cette rétrospective, par leurs motifs, par leurs supports matériels, invitent à explorer les espaces propres à l’artiste, ceux de ses origines et de ses choix, elles convient à traverser les diverses couches des symbolismes qui habitent sa mémoire.
Je trouve une éloquence particulière aux titres des oeuvres. Ils forment comme un commentaire, un guide du voyage dans la géographie et l’archéologie personnelles de l’artiste.
'Mal ak Femèl'
Les «Trois calebasses» réunissent l’environnement végétal, les usages journaliers, le monde rituel du paysan haïtien.
«Les Trois Rois» : la force connotative de ce titre fuse aussi bien dans la direction du jeu de cartes populaires que dans celle des liturgies catholique et vodou célébrant les Mages d’Orient, tandis que l’expression populaire qui forme le libellé complet, «Nou pran nan twa wa», nous acculent dans les impasses politiques et sociales qui piègent parfois le peuple haïtien.
«Zanj», puisque le terme sert à désigner les divinités de la religion indigène, récapitule l’expérience spirituelle du vodou haïtien.
«Les Arbres musiciens» éclatent comme une joyeuse et lumineuse mélodie parmi les arbres du Grand Bois, sur le damier des champs gardés par des personnages tutélaires.
«Chose crachée par la mer» ne peut manquer de rappeler l’origine insulaire, comme «La Mer», en plus de son symbolisme universel. «Dakar», évoque-t-il l’itinéraire personnel de la pèlerine du Sénégal ?
«Lantouraj», clôture des humbles cours populaires, clôture cosmique aussi peut être.
«Mal et femèl», «Au commencement était le chaos» transportent aux origines cosmogoniques. Le «Nu masculin» est une image qui semble parler des origines.
«Les Trois Rois» : la force connotative de ce titre fuse aussi bien dans la direction du jeu de cartes populaires que dans celle des liturgies catholique et vodou célébrant les Mages d’Orient, tandis que l’expression populaire qui forme le libellé complet, «Nou pran nan twa wa», nous acculent dans les impasses politiques et sociales qui piègent parfois le peuple haïtien.
«Zanj», puisque le terme sert à désigner les divinités de la religion indigène, récapitule l’expérience spirituelle du vodou haïtien.
«Les Arbres musiciens» éclatent comme une joyeuse et lumineuse mélodie parmi les arbres du Grand Bois, sur le damier des champs gardés par des personnages tutélaires.
«Chose crachée par la mer» ne peut manquer de rappeler l’origine insulaire, comme «La Mer», en plus de son symbolisme universel. «Dakar», évoque-t-il l’itinéraire personnel de la pèlerine du Sénégal ?
«Lantouraj», clôture des humbles cours populaires, clôture cosmique aussi peut être.
«Mal et femèl», «Au commencement était le chaos» transportent aux origines cosmogoniques. Le «Nu masculin» est une image qui semble parler des origines.
Car il faut bien que chacun prenne le risque d’une interprétation à soi de ces motifs, dont on voit qu’ils ne sont pas des représentations, mais des signes, des hiéroglyphes, des déconstructions et des transmutations d’éléments du réel ou de la mémoire repris dans une nouvelle totalité, celle de l’oeuvre d’art. La pauvreté, le misérabilisme délibéré des supports, produits de récupération, de recyclage, ne sont-ils pas une métaphore de la nouvelle valeur du signe esthétique, indifférent à celle empirique du support utilisé pour sa manifestation ? Ainsi ces planches, ces tôles attirées dans la constitution d’un nouveau langage, dans l’érection d’un monde de l’imaginaire.
La sélection offerte dans cette rétrospective récite les origines, les choix, les itinéraires de l’artiste, sollicitée par ses apprentissages auprès d’universités européennes et américaines ; pèlerine de l’Afrique et de l’Amérique Latine ; restée cependant attentive à sa terre, à son peuple et à l’histoire particulière dont elle est issue.
Port-au-Prince, décembre 2006
Paul Élie Lévy,
Directeur de l’Institut Français d’Haïti
- Quelques photos de l'expo
- Impressions, de Henriot Nader
La sélection offerte dans cette rétrospective récite les origines, les choix, les itinéraires de l’artiste, sollicitée par ses apprentissages auprès d’universités européennes et américaines ; pèlerine de l’Afrique et de l’Amérique Latine ; restée cependant attentive à sa terre, à son peuple et à l’histoire particulière dont elle est issue.
Port-au-Prince, décembre 2006
Paul Élie Lévy,
Directeur de l’Institut Français d’Haïti
- Quelques photos de l'expo
- Impressions, de Henriot Nader